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Le test de Simon Allonneau  
Création Théâtre Octobre 2023

Cette pièce explore les difficultés liées à la recherche de travail à travers une série de rendez-vous entre un conseiller étrange et une candidate qui ne comprend pas ce qu’on attend d’elle. L’action se déroule dans un bureau qui se transforme au fil du temps. Au début, le conseiller décide de tout et change les règles à sa guise. Les rendez-vous sont de plus en plus surprenants.

La pièce aborde la difficulté de communiquer. Les deux côtés du bureau ne sont pas reliés, ils n’ont aucun lien entre eux. Il y a un côté qui est dans un monde et un côté du bureau qui est dans un autre monde. On est dans un univers où tout semble possible et rien n’est faisable. La pièce pose des questions sur la façon dont nous définissons le succès et l'échec dans notre société.

Avec les soutiens de la ville de Lomme, le département du Nord,

la région Hauts-de-France.

Quand la société nous interroge sur l'emploi ?

 

- Réinsertion/formation/compétition

Le salarié se remet régulièrement en jeu pour être compétitif et rentable. On lui demande toujours plus, en moins de temps. La compétition existe en externe (conquérir de nouveaux marchés) comme en interne (garder son poste, convoiter celui de l’autre). 

 

- La peur de l'échec

L'échec nous place sur le banc de touche. La société nous regarde, nous juge, nous écarte. « Vous avez échoué dans votre mission.  Vous ne valez rien. » La réussite se vérifie sur des critères liés à l’argent et à la place que l’on occupe dans la société. Faut-il être riche et cadre supérieur pour réussir sa vie ? 

 

- A-t-on la gueule de l'emploi ?

Peut-on faire un métier d'homme quand on est une femme ? Peut-on être un manuel quand on a un gros QI ? Une femme cheffe d’entreprise et mère de 3 enfants, c’est possible ? Faut-il endosser un costard et une cravate pour être crédible ?

 

Avec Eulalie Poinsignon

Didier Kerckaert

Mise en scène : Gérald Izing

Création sonore: Céline Balloy et Alexandre Rabozzi

Note d'intention

 

La pièce traite indéniablement du Monde du Travail, mais plus précisément du Monde de l’Emploi.

Qui, à notre époque, n’est pas touché de près ou de loin par la Vie Active ?

Qui ne connaîtra jamais l’inquiétude de faillir à un entretien et de ne pas

« décrocher le job » ?

Qui ne vivra pas l’angoisse de tout entreprendre pour ne pas perdre sa place car personne n’est irremplaçable ?

C’est indéniable que le long roman de la vie active est anxiogène de son incipit à son explicit :

Des les études, avec l’angoisse des choix d’orientation, des spécialités, la validation des vœux sur l’usine à gaz qu’est Parcoursup. Puis vient la crainte de trouver son emploi, passer les entretiens d’embauches, décrocher un bon contrat. Ensuite il faut performer, se battre pour conserver sa place, puis arrive l’angoisse du licenciement, de la restructuration. Et finalement, on arrive même à avoir des peurs et des incertitudes concernant l’après vie active avec la réforme des retraites.

De fait, devons-nous accepter n’importe quel emploi à n’importe quel prix ?

Est-ce que toutes les réformes et autres dispositifs mis en place par l’État favorisent et facilitent vraiment nos situations ?

Peut-on proposer une solution adéquate à quelqu’un sans l’écouter et le considérer ?

 

Toutes ces problématiques sont habilement abordées dans Le Test, sans dénonciations outrancières, juste éclairées, sans ton inquisiteur ni moralisateur, avec seulement le léger décalage absurde qu’il faut pour créer le recul nécessaire à la réflexion ; et probablement à une prise de conscience, ou du moins à un constat : la réponse à la question de l’Emploi n’est pas encore trouvée.

LE CONSEILLER. —  J’ai une offre pour vous. C’est un travail qui va vous plaire. Je ne peux pas vous en dire plus.

LOUNA. — Je ne peux pas accepter si vous ne m’en dites pas plus.

LE CONSEILLER. — N’acceptez pas, alors. Mais sachez seulement que vous ratez la chance de votre vie.

LOUNA. — Tant pis si je la rate, je ne peux pas accepter une offre, sans savoir ce qu’il y a dedans. Quand on propose un travail, on le décrit. Ça n’existe pas les gens disent oui à travail mystère.

LE CONSEILLER. — Détrompez- vous, il y a beaucoup de gens qui choisissent leur travail sans savoir ce qu’il y a à l’intérieur. Ils le choisissent parce qu’on leur propose. Ils se disent qu’ils vont rater une opportunité s’ils refusent.  De toute façon tous les métiers se ressemblent.

L’autre thématique sous-jacente de l’oeuvre que je souhaite mettre en avant, c’est le décalage inter-générationnel.

Entre ce conseiller, dont on ne connaît pas l’âge, mais que l’on pressent proche de la retraite ; et cette jeune candidate, qui pourrait être sa fille .

Tout les sépare, tout les distingue : l’écart d’âge, leur genre, l’éducation, leur vision du Monde et de la vie, et surtout les a priori générationnels qu’ils portent l’un envers l’autre.

En effet, le conseiller est très représentatif de cette majorité des « boomers » qui ne peuvent s’empêcher de penser que la nouvelle génération n’est pas prête à affronter le monde du Travail. Parce qu’elle n’est pas adaptée socialement, embrumée dans son ‘cloud’ des réseaux et des data.

Cette génération adulescente qui, à leurs yeux, n’affiche ni motivation, ni enthousiasme. Mais affichant un flegme blasé qui transpire jusqu’à leur apparence et leur look vestimentaire.

 

LE CONSEILLER.  — Votre tenue, c’est exactement comme une insulte ou un crachat, on ne peut pas arriver à un entretien habillée comme ça. C’est grave.

LOUNA.  — Je trouve que je suis habillée normalement.

LE CONSEILLER.  — Mais c’est ça le problème justement ! À un entretien, on ne vient pas « habillée normalement », on se dépasse, on se surpasse, et sa chemise on la repasse. C’est le moment de sortir sa plus belle veste. Vous ne pouvez pas trouver du travail dans n’importe quelle tenue. Il faut qu’on sente que vos vêtements aussi cherchent du travail.

LOUNA.  — J’ai mis ça parce que je suis bien dedans et puis c’est comme ça que je m’habille, c’est moi, je suis comme ça. Si je me déguise, ce n’est plus moi.

LE CONSEILLER. — Bon, il va falloir tout recommencer à zéro avec vous. Vous avez au moins un stylo et une feuille ?

LOUNA. — j’ai mon téléphone.  

LE CONSEILLER. — Vous êtes vraisemblablement un clown Mademoiselle, il ne vous manque plus que le nez rouge.

Le mot du metteur en scène: Gérald Izing

"Dès la première lecture de cette pièce de Simon Allonneau, alors que je constatais que celle-ci n’était pas encore complètement aboutie, j’ai ressenti une intuition : Simon porte un regard lucide, aiguisé et délicieusement décalé sur la situation actuelle du Monde du Travail. Et plus précisément, sur le Monde de l’Emploi.

La rencontre avec l’auteur lui-même, un personnage ASICS comme j’aime les définir : Anima Sana In Corpore Sano (Un esprit sain dans un corps sain) ne fit que confirmer cette intuition.

Un jeune poète charismatique doté d’un regard critique et citrique sur son monde; et de surcroît : champion d’athlétisme !… Il ne pouvait produire artistiquement que des choses lucidement connectées à notre époque.

Ce qui fut confirmé à la lecture de sa pièce : Le Test.

C’est cinglant, c’est très probablement ce qui nous attend demain et pourtant, c’est déjà presque aujourd’hui.

Sa pièce raconte l’histoire d’une jeune femme qui se retrouve convoquée dans cette « administration privée », une agence pour l’emploi, censée épauler ou palier aux manquements de Pôle Emploi."

 

Découvrez le teaser du Test

Teaser et photos : Florentin Lopacinski

Le dossier complet c'est par ici !

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